DOPE D.O.D

Avec plusieurs dates programmées en France, le groupe Dope D.O.D est passé par Bordeaux, à l’occasion de la soirée SPANK THE BASS, organisée par Cubik Prod et Banzai Lab. Un événement alliant Hip Hop et Dubstep qui a réuni Keurspi, Al’Tarba, Son of Kick, Niveau Zero. Ce qui a été l’occasion pour nous de rencontrer les membres de ce fameux groupe de Hip Hop Hardcore Hollandais avant leur show… Un concert de folie, débordant d’énergie, dans une salle remplie !

C’est votre première tournée en France ?

Pas vraiment… Mais on peut considérer celle-ci comme notre grande tournée française.

En écoutant vos morceaux, on se demande quelles sont vos influences musicales ?


Principalement le rap américain des années 90. Mais on n’écoute pas que du Hip Hop américain non plus. On aime n’importe quel bon son Hip Hop à vrai dire, aussi bien du rap hollandais, anglais, allemand que français. Cependant, comme on a grandi dans une culture anglophone, on a baigné dans le rap américain depuis tout petit, en écoutant Onyx, Redman, Wu Tang…

Des rappeurs français… Qui par exemple ?

Saïan Supa Crew, 1995…

Quels autres styles de musique vous écoutez ?

Dopey Rotten : Personnellement j’écoute aussi bien du Reggae que de la musique classique, que du Hard Rock. Peu importe le style tant que la musique me plaît !

Skits Vicious : Quand je n’écoute pas du rap, j’aime écouter de la musique qui repose, quelque chose de relaxant. J’aime aussi des trucs un peu new age avec de la batterie. Cela dit, ça ne vaut pas les bons vieux morceaux que j’écoute depuis que je suis gosse… A part mes classiques je n’écoute pas grand chose. En tout cas, je ne suis pas partisan du « je n’écoute rien d’autre que du rap pour ne pas être influencé » mais j’ai remarqué que ça te permet de rester à ta place et de te concentrer sur l’essentiel, ton rythme.

Jay Reaper : Franchement j’écoute rien d’autre, à part du Old School, comme Jimmy Hendrix, John Lennon… Et parfois je tombe sur MTV, mais ça ne m’influence pas vraiment ou plutôt si, mais dans le bon sens. Je me dis « qu’est-ce que c’est que cette merde » et j’ai envie d’écrire un truc pour le démolir !

Comment décririez-vous votre univers artistique ?


Skits Vicious : Notre univers est comme un roman graphique où l’on mélange une partie de nos propres vies et la merde qui nous entoure. C’est un monde sans fin de sang, de gore et de fantasmes. On peut nous comparer à des personnages de films ou de bandes dessinées, comme  Sin City. Les rappeurs ont une double identité, comme les super héros. Nous, on est probablement les méchants de ces films…On ne porte pas le costume là maintenant, mais dès qu’on a le micro dans les mains, ça explose ! Et d’un coup on devient le méchant et les gens découvrent nos super pouvoirs.

Comment est venue cette volonté de faire du rap ?

Jay Reaper : C’est ce qu’on sait faire. On ne s’est pas forcé. Quand j’étais jeune, vers 14 ans je ne me suis pas dit « je veux faire du rap, je veux être rappeur ». Ça ne s’est pas passé comme ça. J’écoutais du rap lourd à la Wu Tang, du rock lourd à la Jimmy Hendrix et je me suis dit que je voulais faire ça. Et le rap, c’est la première chose qui m’est venue naturellement.

Skits Vicious : Je suis d’accord. Le rap ça ne se choisit pas, ça s’impose à toi. Cela dit il y en a beaucoup qui décident de faire du rap pour des mauvaises raisons, ce qui explique pourquoi il y a autant de mauvais rap. Tout le monde peut rapper. Tout le monde peut dire « here is the floor, that’s a door, I am poor, somebody’s a whore and I am hard for. » Tout le monde peut faire des rimes mais ça ne fait pas d’eux des rappeurs. Le rap, c’est plus profond que ça. Il faut avoir l’âme, le flow et la personnalité qui vont avec. Il faut que ça vienne de l’intérieur. S’il y a autant de Rap de mauvaise qualité, c’est parce qu’ils n’en font pas pour les bonnes raisons : ils veulent être cools, ils veulent gagner de l’argent. Bien sûr c’est sympa mais il faut agir d’abord pour la musique !

Dopey Rotten : La musique d’abord !

Vous avez fait de nombreux concerts à l’étranger n’est-ce pas ?

Oui, on est allé aux États-Unis, au Canada, en Allemagne, en France, en Islande, en Russie, en Ukraine, en Espagne, en Pologne, en Lituanie, au Royaume Uni…

Quelle est votre vision du Hip Hop actuel ?

Dopey Rotten : Aujourd’hui, le Hip Hop dans l’ensemble c’est de la merde. Ça craint. Ça tire trop sur la pop, c’est trop commercial. C’est toujours la même chose, tu as toujours une pétasse attardée qui pousse la chansonnette. Ce n’est pas mon truc.

Mais ce n’est pas le cas de tous les rappeurs non plus…

Evidemment, il reste du bon Hip Hop mais je ne m’intéresse plus trop à ce qui sort en ce moment.

Et vous dans tout ça ?

Dopey Rotten : On est des rebelles de la scène musicale en fait. On fait ce qu’on aime faire et on continuera jusqu’à la fin. C’est à prendre ou à laisser !

Skits Vicious : C’est à la portée de tous de changer la donne. Et c’est là qu’on intervient. Le vrai Hip Hop n’est pas mort. Il ne faut pas croire ce qu’on nous dit à la radio ou à la télé. Ce sont des conneries. Le pire c’est que ce n’est même pas la faute des gens. Ce sont ceux qui sont au-dessus du peuple qui décident. Ils n’ont qu’un mot à dire et ton disque ne passe nulle part. L’industrie impose ses normes mais heureusement qu’il y a le rap underground. Nous, on vient de là. On fait partie de ceux qui s’en foutent, qui croient en ce qu’ils font et qui n’arrêteront jamais quoi qu’il arrive.

Quels messages souhaitez-vous transmettre à votre public ?

Skits Vicious : Pour moi, le rap sert à échapper à son quotidien. Comme toute musique qui permet de s’évader, le rap raconte une histoire. Notre message c’est notre histoire. Notre public s’identifie à nos chansons ou les apprécie tout simplement.

Quels sont vos projets après la tournée ?

Actuellement, nous travaillons sur un nouvel album. Il sortira début 2013. Ce sera notre sixième album. Soyez prêts ! 

>> Plus d’infos sur : http://dopedod.com/

Interview : Assma & Angélique
Traduction : Romain Vivant