Dernièrement sur Hip Open, vous avez pu avoir un aperçu du concert de Guizmo à la Rock School Barbey de Bordeaux. Cet événement, pleinement réussi, est à l’initiative de T.A.P.E Recordz, une association dont les membres font partie du groupe de rap Talents d’Achille. Une soirée bien remplie pour ces organisateurs qui ont également assuré une prestation sur scène, en première partie.
Talents d’Achille Production Entertainment
T.A.P.E Recordz est une association qui vise à émanciper la culture Hip Hop sur Bordeaux, par le biais d’ateliers d’écriture et d’organisation de concerts. El Nas-a explique l’origine de leur démarche : « On s’est connu grâce à nos anciens groupes (ndlr : Melomen et Del’ Prod). On en avait un peu marre d’écumer seulement les petites scènes. Sans être prétentieux, on pensait pouvoir prétendre à mieux, et comme rien ne se passait sur Bordeaux, on a décidé de développer une structure pour gérer nous même la production d’événements, et en faire profiter les autres. » 16-Ame complète : « Nous sommes très sensibles à cette notion de partage. On fait de la musique mais on souhaite aussi représenter la jeunesse… Nous voulons que Bordeaux cesse d’être cataloguée comme une simple ville de province, il faut lui sortir la tête de l’eau ! Ce que nous essayons de faire en faisant venir Guizmo, qui a beaucoup de buzz, ou encore Sefyu la prochaine fois… ».
T.A.P.E Recordz est gérée principalement par quatre MC’s : 16-Ame, El Nas-a, Tiziman et Bra’biza. Au sein de cette structure, on ne retrouve pas uniquement des projets événementiels, plusieurs pôles y sont développés, notamment la photo, l’infographie, l’audiovisuel… Leur objectif est de promouvoir les talents, quelque soit le domaine. L’avis de chacun est important… Ils évoluent en fonction des rencontres, toujours pour « tirer un maximum de talents vers le haut ».
Ils tiennent beaucoup aux ateliers d’écriture, à la transmission et l’entraide générée. « On part du principe que l’on doit faire ce qui n’a pas été fait pour nous. Nous avons l’envie d’accorder du temps à ceux qui veulent vraiment bosser. Mais il n’y a pas de secret pour y arriver, il faut travailler ! Nous, ça fait un an et demi que l’on bosse de façon acharnée. » nous précise El Nas-a.
Attachés à leur indépendance, ils envisagent de labelliser leur groupe, Talents d’Achille, via T.A.P.E Recordz « pour ne pas être des marionnettes ». Pour 16-Ame : « La musique est un art martial. C’est une manière de penser, une discipline. Que nous sommes prêts à partager avec ceux qui auront cette mentalité. », ce qui laisse entrevoir d’éventuelles collaborations pour la suite…
Un crew déterminé
Talents d’Achille, c’est 7 MC’s aux âges et horizons bien différents. De 17 à 29 ans, ils évoluent ensemble tout en ayant un discours, une vision, des textes et un flow plutôt distincts. La diversité de leur culture et vécu respectifs constitue une richesse fondamentale pour l’équipe.
Le nom du groupe est inspiré de la légende du talon d’Achille… Djekill nous en dit plus : « La référence à la faiblesse d’Achille, par son talon, est partie d’un constat… De nos jours, dans l’industrie musicale, le talent ne prime pas forcément, c’est plutôt l’image, les relations… Il y a donc beaucoup de boycott d’artistes, dans le milieu, qui justement n’ont pas le profil, seulement le talent ! Alors sans arrogance, on a opté pour ce nom. Non pas pour dire que nous sommes les plus talentueux, mais pour exposer une diversité de talents, dans différents domaines… »
Pour décrire leur univers, c’est Atenta qui prend la parole : « Nous abordons des thèmes que nous aimerions entendre plus souvent dans les chansons mais qui existent peu ou pas… On préfère faire l’apologie de nos valeurs plutôt que celles du crime ou de la drogue. Nous ne voulons pas engrainer les jeunes. On préfère leur évoquer nos regrets, etc. Donc faire de la musique qui nous ressemble, avec des valeurs positives. »
Chacun a son univers propre… Toziako, avec son côté technique et la rapidité de son flow. Tiziman, dénonciateur et engagé. Djekill, avec ses rimes multi-syllabiques. El Nas-A, le conscient du collectif. Atenta, authentique et street. Bra’biza plus nerveux. Et 16-Ame, avide de punchlines.
Niveau projets, un clip arrive très bientôt… Puis d’ici un mois, ils sortiront une mixtape sur face B, d’où le nom face B-Réta. Et ils parlent déjà de leur street album. Cette fois-ci avec leurs propres sons réalisés par le beatmaker du groupe, El Instru-ktor. Ce projet devrait s’appeler « La guerre de 3-3 », en référence à la guerre de Troie pour rester dans le contexte initié par le nom du crew. Ce qui rappelle également le département de la Gironde… Ils représentent la ville de Bordeaux mais Djekill nous affirme : « Nous ne rappons pas en tant que rappeurs bordelais mais en tant que rappeurs. En plus, nous venons d’un peu partout… ». Et 16-Ame conclut par : « A la base nous sommes des kickeurs, on ne se prend pas trop la tête, on veut surtout se faire entendre. »
Des projets en pagaille donc, et une volonté sans faille. Il ne reste plus qu’à attendre leur prochaine scène, pour la première partie du concert de Sefyu, le 16 février prochain…
Angélique & Ludovic