Le MOS au Centre du Monde !

L’exposition rétrospective du Meeting Of Styles France 2012 continue et cette fois-ci, Hip Open vous donne un aperçu en images.

Avant tout, rappelons que cette expo se tient dans un lieu assez exceptionnel et rempli de sens… El Centre del Mon (Le Centre du Monde, en Catalan). Ce nom a été donné en référence au peintre Salvador Dalí qui considérait la gare de Perpignan comme le centre du monde. Plusieurs décennies après sa toile intitulée La Gare de Perpignan, c’est cette même gare qui accueille des œuvres d’une nouvelle génération, celle d’artistes issus du Graffiti.

Vitrine de la gare

 

Le vernissage a marqué les esprits par l’aspect inédit de la soirée. Imaginez : DJ Gram aux platines, des projections vidéo, un bar et les performances Graffiti de Hope et Mutha en direct sur des bâches en 4m x 3m… Le tout dans un hall de gare !

Vernissage

 

Hip Open, partenaire du Meeting Of Styles France a assuré les relations médias de l’événement et a participé à l’organisation de l’exposition aux côtés de l’équipe UISC.

A titre d’info, l’installation est visible jusqu’au 22 juillet 2013…

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Un coup de cœur pour une photo ou des panneaux graffés en exposition ? N’hésitez pas, ils sont en vente !

Fresque QUESA : SLY2

>> Contact : mosfrance@hotmail.fr
>> Plus d’infos sur : www.meetingofstylesfrance.com

NJ

L’expo du MOS

Chaque année, le Meeting Of Styles surprend son public grâce au talent, à la créativité et la simplicité des artistes invités. L’engouement de ce festival international de graffiti pour les œuvres réalisées, l’énergie qui s’y dégage et l’ambiance festive et estivale n’est plus à prouver. L’an dernier, 10 000 personnes sont venues en un week-end découvrir et apprécier les 1200 m2 de surfaces graffées. D’autres animations et activités ont été programmées : BMX, Skate, Roller, musique, freestyle MC’s, danse.

 

En 2013, l’association UISC qui se charge de l’organisation complète du festival a développé ses projets pour vous proposer une exposition rétrospective du MOS 2012. Une sélection d’une vingtaine de pièces sera donc installée dans la nouvelle gare de Perpignan, à partir de ce samedi 23 mars. L’exposition sera visible jusqu’au 22 juillet 2013. Si un tel événement est possible, c’est grâce au support sur lequel les fresques sont réalisées : des panneaux en bois tout simplement…

Affiche_Expo MOS 2012

 

A l’occasion de cette exposition, l’UISC fait les choses en grand et prépare pour le vernissage une soirée digne de l’image de son festival. DJ Gram (Black Elk)  animera le hall de la gare de Perpignan et des graffeurs feront des performances en direct. Un moment idéal pour s’imprégner des productions du Meeting Of Styles et échanger ses impressions autour du bar ou du buffet en toute convivialité. Des photographies seront également exposées pour vous faire replonger dans l’univers du MOS qui s’est déroulé en juillet dernier.

Les pièces sélectionnées ont été effectuées par les artistes suivants :

– Les français : Sly2 / Quesa / Spot / Keyler / Dashe / Keyone / Limo / Missy / Pisko / Rekor.
– Les internationaux: Berns (Pérou) / Issaac (Pérou) / Binho (Brésil) / Ecks (Mexique) / Rage (Espagne) / Malakkai (Espagne) / Danger (Espagne)  / Demon (USA).

Rendez-vous samedi 23 mars dans le hall de la nouvelle gare de Perpignan pour le lancement de l’expo du MOS.

Hip Open, toujours partenaire du Meeting Of Styles France !

>> Plus d’infos sur : www.meetingofstylesfrance.com + Page Facebook du MOS France

NJ

 

 

Missy

Parce que les filles se font assez rares dans le milieu du Graffiti, nous avons profité de la présence de Missy au Meeting Of Styles pour la rencontrer et lui poser quelques questions…

Peux-tu te présenter ?

Je m’appelle Lisa, je viens de Strasbourg. Je peins sous le nom de Missy. C’est Rensone qui m’a initié au Graffiti, ça fait maintenant 3 / 4 ans que je peins à la bombe.

Quel a été ton parcours avant de te mettre au Graff ?

J’ai suivi un cursus comme beaucoup d’autres, je pense. J’ai fait des études d’arts appliqués et de graphisme. J’ai toujours dessiné donc c’est par là que j’ai commencé. Et je continue à faire de l’illustration, des toiles…

Comment définirais-tu ton style ?

Mon style est très proche de l’illustration, j’ai commencé par ça et c’est quelque chose que j’ai envie de garder et d’approfondir. Je suis moins dans le Graffiti traditionnel, c’est-à-dire le lettrage que je ne pratique pas du tout.

Je fais pas mal d’animaux et souvent des oiseaux… Des cigognes qui représentent ma ville strasbourgeoise, en Alsace. J’essaies aussi d’apporter de l’humour dans ce que je fais, un côté décalé. En illustration, par exemple, je dessine des insultes. Je m’éclate à faire ça, c’est vraiment un délire dans lequel je me suis lancée. Donc mon travail est un mélange d’oiseaux, d’insultes et d’autres éléments que j’y ajoute.

Quelle est ton implication dans la culture Hip Hop ?

J’ai toujours aimé ce qui est en lien avec le Hip Hop. Ce qui me plait vraiment c’est la mentalité, le fait de rassembler plusieurs disciplines, plusieurs styles… Cette mentalité à échanger, à partager, je trouve ça génial !

Quelles sont tes impressions sur le MOS de cette année à Perpignan ?

Justement, par rapport à ce que je viens de dire, ça reflète l’esprit du Hip Hop. Ces rencontres avec des gens qui viennent d’autres pays, d’autres régions… Ils ont des styles complétement différents mais au final on a tous réussi à faire quelque chose de cohérent. C’est un bon rassemblement où l’on a pu échanger nos styles. C’était une très bonne opportunité !

Comment perçois-tu la tournée mondiale du MOS ?

Eh bien, ce festival porte bien son nom… Le Meeting Of Styles, c’est la rencontre, l’échange des styles. Dans le Graffiti, il y a différents styles en France, il y a plein de styles en Europe, en Amérique… Et c’est l’opportunité de pouvoir justement échanger, rassembler, réunir tous ces styles dans un même lieu, sur un même mur… C’est une richesse pour le Graffiti que le festival puisse tourner dans plusieurs pays !

Le Graffiti s’est de plus en plus institutionnalisé, quel est ton regard là dessus ?

Je ne peux pas vraiment avoir un regard critique, dire “c’est nul maintenant le Graffiti, on le retrouve dans les galeries, les musées, etc.” C’est vrai, ça devient commercial faut le dire, le Graffiti se démocratise à fond. Avant c’était beaucoup plus underground, même si ça le reste car c’est quand même la base de cette discipline…

Moi malheureusement je n’ai jamais fait de lettres, je n’ai pas du tout connu cette époque de vandalisme, je n’ai pas fait tout ça. Mais je trouve que ça a en effet tendance à perdre de son authenticité car maintenant on retrouve du Graffiti partout, notamment avec l’apparition en masse des médias, notamment avec internet, ça devient tellement facile de se créer un style, de peindre du jour au lendemain, de faire des pièces sans avoir galéré, sans chercher ses propres lettres…

Pour le MOS, tu as peins avec Rensone et on vous voit souvent travailler ensemble… Est ce que tu peins toujours avec lui ?

 

Oui, pour les festivals, je peins quasiment toujours avec Rensone. Je trouve que l’on arrive plutôt bien à mêler nos styles et je n’ai jamais eu l’opportunté de peindre toute seule, à part dans des friches. Cela permet aussi d’avoir un rendu plus abouti que si je peignais seule. Je pense que je dois encore évoluer de mon côté pour atteindre le niveau des gens que j’ai pu rencontrer ici.

Peux-tu nous parler de ta place en tant que femme dans le Graffiti ?

Franchement, moi je n’ai jamais eu de soucis, ni de réflexions par rapport au fait que je sois une nana. J’ai tout de suite commencé à peindre avec Rensone… Je n’ai pas mis les pieds toute seule dans une friche donc forcément pour moi ça a été plus facile. Puis Rensone peint déjà depuis plusieurs années donc il m’a fait connaître ses potes. Alors c’est vrai que je n’ai pas eu trop de mal à m’infiltrer dans ce milieu.

D’après toi, les filles qui arrivent seules dans le Graffiti, ont-elles plus de difficultés à se faire accepter ou alors vu qu’il y en a peu, elles sont davantage mises en avant ?

Il faut l’admettre, c’est assez chaud pour une nana de débarquer toute seule dans ce milieu… C’est clair qu’il ne faut pas avoir peur de salir sa manucure toute fraîche (rires) ! Mais que l’on soit une nana ou un mec, il faut faire ses preuves, montrer ce que l’on a dans le ventre…Au final, je ne vois donc aucune différence dans tout ça. Je prends l’exemple de MADC qui est une très bonne graffeuse, son style est vraiment très technique et je pense que si c’était un mec, sa notoriété serait exactement la même. Par contre il est vrai que lorsqu’une fille peint, on a tendance a être plus intrigué justement parce qu’on en voit si peu…

Quels sont tes projets à venir ?

On va faire une exposition bientôt avec Rensone, donc pas de murs, uniquement des toiles, des illustrations… Après ça va être un peu plus calme car là on a été souvent pris avec les festivals de cet été. Donc après cette expo, on va se faire plaisir et retourner dans nos petites friches pour peindre. Donc juste pour kiffer !


>> Plus d’infos sur : http://lisa-discala.fr

RENSONE

A l’occasion du Meeting Of Styles France 2011, Hip Open en direct de Perpignan, a rencontré Rensone, un Graffeur de Strasbourg.

Qu’est-ce que cela représente pour toi de participer à ce festival international de Graffiti?

Je peins depuis une dizaine d’années mais je restais spectateur des événements que l’on voyait dans les magazines, comme le Meeting Of Styles, cela me paraissait inaccessible. Pour moi, c’était une fin en soi…une espèce de reconnaissance de se faire inviter à ce genre d’événement.

Il y a encore deux ans je ne peignais qu’à Strasbourg. Puis je suis allé un peu à Paris j’ai rencontré Astro, les ODV… Ils m’ont complimenté sur mon taf, on a peint ensemble et ils m’ont invité au M.O.S. Pour moi, c’est un honneur. Depuis un petit moment, je commence à être invité à des rencontres de Graffiti. Mais c’est le premier Meeting Of Styles auquel je participe.

Comment définirais-tu le style de tes œuvres ?

Mon travail a beaucoup évolué depuis les 5 dernières années. Aujourd’hui, mon style est un compromis entre les deux grosses composantes du Graffiti : les personnages et les lettres. Certains Graffeurs font du perso et du lettrage mais de manière dissociée. En ce qui me concerne, je cherche à les réunir, faire un pont entre les deux, donc je fais des personnages remplis de lettres.

D’où vient ton inspiration ?

Au niveau du graffiti, mes références sont Reso (ndlr : également présent au M.O.S) pour moi, c’est la plus grosse pointure française du Graff, je pense aussi au crew DMV qui fait un taf mortel, ils ont 10 piges d’avance sur tout le monde !

Mon inspiration est souvent liée à mes centres d’intérêt du moment… A une période où je me renseignais sur l’Histoire de l’Egypte, j’ai réalisé des œuvres sur les momies. Dernièrement, j’ai fait une série sur les Fables de la Fontaine… Avec ma copine Missy qui fait de l’illustration, on a fait une fresque en reprenant l’histoire du Corbeau et du renard. L’idée est qu’il devait pleuvoir au moment de cette histoire alors elle n’aurait pu avoir lieu, d’où le personnage qui accroche des bacs aux nuages. Il retient l’eau pour que l’histoire puisse bien avoir lieu. Cette fresque se lit de gauche à droite et s’appelle « La véritable histoire du corbeau et du renard ».

Quel message revendiques-tu au travers de tes œuvres ?

Chaque peinture détient un message particulier en filigrane, même si peu de gens le verront, moi je sais qu’il est présent et je saurais le décrire aux gens qui s’y intéressent. L’image du Graffiti dans la société est un de mes thèmes qui revient souvent.

En ce moment, ma ligne directrice est ce personnage un peu massif, avec son marcel. Je décline des situations dans lesquelles je le mets en scène, ce qui me permet de raconter des petites histoires dans chaque fresque.

Venons en à ton évolution…maintenant tu exposes, on fait appel à toi pour des commandes… Certains qualifient ce passage de la rue au « business » comme « vendre son âme au diable ». Que réponds-tu à ça ?

Très bonne question ! Le Graffiti, quand il a commencé, il n’y avait pas de règles… Le but c’était de voir notre nom partout donc on le mettait partout. On peignait des trains, des murs, des ponts d’autoroutes… On peignait partout ! Et aujourd’hui les puristes, c’est-à-dire les gens qui cherchaient à mettre leur nom partout, vont dire : « Ah ouais mais non, dans les galeries, il ne faut pas le mettre ! ».  Pour moi, ce n’est pas logique… Si l’on veut perpétuer l’idée du Graffiti qui est de tartiner et imposer aux gens, qui le veulent ou non, notre façon de voir le monde, notre façon de dessiner, notre façon de travailler… Hé bien on se doit d’être complet. Etre complet, c’est aussi aller dans les galeries. Ma façon de garder la tête froide là dessus, c’est de jouer sur les deux tableaux : ce n’est pas parce que je vends mes productions en galerie que je ne vais pas aller peindre dans un squat, avec des potes sur des murs que personne ne verra jamais, à part le S.D.F du coin. J’assume les deux ! Complètement.

Ne penses-tu pas que la valeur marchande dénature l’art et pousse certains artistes à faire des œuvres vides de sens ?

C’est vrai dans la plupart des domaines artistiques, dans le Graffiti, on n’y échappe pas. Certes, il y a toujours la dimension créative, underground, en marge…mais il y a la partie commerciale… En ce qui me concerne, je vends lorsque j’ai besoin de financer des projets. Par exemple, en octobre, je pars en Palestine, donc pour ça j’ai fait des plans légaux. Sans pour autant retomber dans des travers commerciaux que j’ai pu connaître au début… Maintenant que je gagne mieux ma vie, je fais précisément ce que j’ai envie de faire, après si ça ne plaît pas, le tableau il reste chez moi, je ne le vends pas, c’est tout. Le fait de garder mon boulot à côté (ndlr : chercheur dans le domaine de la chimie), j’ai moins de temps pour peindre, mais je suis complètement libre quand je peins ! Par contre, ce que je cautionne pas, ce sont les artistes qui vivent correctement et qui font de la merde pour gagner encore plus.

A ce propos, que penses-tu du film de Banksy « Faîtes le mur » ?

Banksy a montré l’aspect purement commercial, les dérives du Street Art et c’est l’un des premiers…comme toujours ! Et là, il a été le premier a le coucher sur pellicule. Il montre aussi que l’on peut tomber assez facilement dans ces travers et dans le délire artistique. L’un des messages que je retiens c’est que certains ne font pas de la qualité mais savent bien se vendre donc il a montré que l’on pouvait arriver à ce genre de niveau, aussi dans les galeries.

Aussi, ce qui est intéressant dans ce film c’est qu’il a voulu en dire un peu sur lui, mais pas trop… Même s’il relate la vie de Banksy au passage, je le prends comme un pied de nez. Tous les gens attendaient le film sur Banksy pour découvrir de nouvelles pièces, des nouveaux délires et non… Il met en scène un autre personnage donc un pied de nez de plus, c’est ça qui était sympa avec ce film !

Que dirais-tu à ceux qui dénigrent l’art du Graffiti, ceux qui ne considèrent pas le Graffiti comme un art ?

Perso, je ne leur en veux pas. Les Graffeurs sont des gens qui prennent la liberté d’écrire sur un mur, qui ne leur appartient pas donc si tu n’es pas dans le milieu, que tu comprends pas les codes, que tu ne prends pas la peine de fouiller un peu… Forcément tu n’as pas la même approche donc je peux comprendre que ces personnes le vivent comme une attaque et le voient comme une dégradation.

Tu les laisses penser ça sans essayer de les faire changer d’avis ?

J’essaie de les faire changer d’avis si je sens qu’il y a un espoir… Quand tu as une idée préconçue sur quelque chose, tu ne veux surtout pas t’apercevoir que tu as tort. Donc tu te contentes de tes arguments sans aller chercher à comprendre davantage. On est tous comme ça, selon les domaines. Mais si des gens sont désireux de comprendre je serais là pour parler avec eux, expliquer ce que je fais,  montrer des photos, etc.

Nous ne sommes pas tous des bandits (rires)…au contraire d’ailleurs ! A mon avis, les gens imaginent les Graffeurs comme des mecs de 15 piges qui se cherchent… En regardant bien, la plupart en ont 25, ils bossent tous, certains ont des enfants. Ce sont des gens responsables !

Avant de terminer… Quel est ton attachement à la culture Hip Hop ?

Je suis dedans à fond ! Avant tout par la danse (ndlr : il a pratiqué le Breakdance pendant 10 ans), où j’ai pu découvrir la véritable énergie positive du Hip Hop, avec les aspects de challenge et de défi… C’est un moteur pour la vie en général !

Mot de la fin…libre à toi de t’exprimer !

Je suis vraiment content qu’un événement comme le M.O.S puisse exister ! On peint dans de très bonnes conditions. On a même des échafaudages. Les murs sont mortels. C’est un sacré pas en avant ! Et il y a même des sponsors qui prêtent leur image, donc tant mieux, on avance, c’est ça qu’il faut retenir.

Au M.O.S, on s’engage à construire quelque chose ensemble, on respecte le travail de l’autre, il y a une synergie qui se crée. Pourtant, il n’y a rien de plus difficile que de travailler à plusieurs artistes. Mais ici, c’est le but, bosser ensemble et repartir avec des belles photos !