Parce que les filles se font assez rares dans le milieu du Graffiti, nous avons profité de la présence de Missy au Meeting Of Styles pour la rencontrer et lui poser quelques questions…
Peux-tu te présenter ?
Je m’appelle Lisa, je viens de Strasbourg. Je peins sous le nom de Missy. C’est Rensone qui m’a initié au Graffiti, ça fait maintenant 3 / 4 ans que je peins à la bombe.
Quel a été ton parcours avant de te mettre au Graff ?
J’ai suivi un cursus comme beaucoup d’autres, je pense. J’ai fait des études d’arts appliqués et de graphisme. J’ai toujours dessiné donc c’est par là que j’ai commencé. Et je continue à faire de l’illustration, des toiles…
Comment définirais-tu ton style ?
Mon style est très proche de l’illustration, j’ai commencé par ça et c’est quelque chose que j’ai envie de garder et d’approfondir. Je suis moins dans le Graffiti traditionnel, c’est-à-dire le lettrage que je ne pratique pas du tout.
Je fais pas mal d’animaux et souvent des oiseaux… Des cigognes qui représentent ma ville strasbourgeoise, en Alsace. J’essaies aussi d’apporter de l’humour dans ce que je fais, un côté décalé. En illustration, par exemple, je dessine des insultes. Je m’éclate à faire ça, c’est vraiment un délire dans lequel je me suis lancée. Donc mon travail est un mélange d’oiseaux, d’insultes et d’autres éléments que j’y ajoute.
Quelle est ton implication dans la culture Hip Hop ?
J’ai toujours aimé ce qui est en lien avec le Hip Hop. Ce qui me plait vraiment c’est la mentalité, le fait de rassembler plusieurs disciplines, plusieurs styles… Cette mentalité à échanger, à partager, je trouve ça génial !
Quelles sont tes impressions sur le MOS de cette année à Perpignan ?
Justement, par rapport à ce que je viens de dire, ça reflète l’esprit du Hip Hop. Ces rencontres avec des gens qui viennent d’autres pays, d’autres régions… Ils ont des styles complétement différents mais au final on a tous réussi à faire quelque chose de cohérent. C’est un bon rassemblement où l’on a pu échanger nos styles. C’était une très bonne opportunité !
Comment perçois-tu la tournée mondiale du MOS ?
Eh bien, ce festival porte bien son nom… Le Meeting Of Styles, c’est la rencontre, l’échange des styles. Dans le Graffiti, il y a différents styles en France, il y a plein de styles en Europe, en Amérique… Et c’est l’opportunité de pouvoir justement échanger, rassembler, réunir tous ces styles dans un même lieu, sur un même mur… C’est une richesse pour le Graffiti que le festival puisse tourner dans plusieurs pays !
Le Graffiti s’est de plus en plus institutionnalisé, quel est ton regard là dessus ?
Je ne peux pas vraiment avoir un regard critique, dire “c’est nul maintenant le Graffiti, on le retrouve dans les galeries, les musées, etc.” C’est vrai, ça devient commercial faut le dire, le Graffiti se démocratise à fond. Avant c’était beaucoup plus underground, même si ça le reste car c’est quand même la base de cette discipline…
Moi malheureusement je n’ai jamais fait de lettres, je n’ai pas du tout connu cette époque de vandalisme, je n’ai pas fait tout ça. Mais je trouve que ça a en effet tendance à perdre de son authenticité car maintenant on retrouve du Graffiti partout, notamment avec l’apparition en masse des médias, notamment avec internet, ça devient tellement facile de se créer un style, de peindre du jour au lendemain, de faire des pièces sans avoir galéré, sans chercher ses propres lettres…
Pour le MOS, tu as peins avec Rensone et on vous voit souvent travailler ensemble… Est ce que tu peins toujours avec lui ?
Oui, pour les festivals, je peins quasiment toujours avec Rensone. Je trouve que l’on arrive plutôt bien à mêler nos styles et je n’ai jamais eu l’opportunté de peindre toute seule, à part dans des friches. Cela permet aussi d’avoir un rendu plus abouti que si je peignais seule. Je pense que je dois encore évoluer de mon côté pour atteindre le niveau des gens que j’ai pu rencontrer ici.
Peux-tu nous parler de ta place en tant que femme dans le Graffiti ?
Franchement, moi je n’ai jamais eu de soucis, ni de réflexions par rapport au fait que je sois une nana. J’ai tout de suite commencé à peindre avec Rensone… Je n’ai pas mis les pieds toute seule dans une friche donc forcément pour moi ça a été plus facile. Puis Rensone peint déjà depuis plusieurs années donc il m’a fait connaître ses potes. Alors c’est vrai que je n’ai pas eu trop de mal à m’infiltrer dans ce milieu.
D’après toi, les filles qui arrivent seules dans le Graffiti, ont-elles plus de difficultés à se faire accepter ou alors vu qu’il y en a peu, elles sont davantage mises en avant ?
Il faut l’admettre, c’est assez chaud pour une nana de débarquer toute seule dans ce milieu… C’est clair qu’il ne faut pas avoir peur de salir sa manucure toute fraîche (rires) ! Mais que l’on soit une nana ou un mec, il faut faire ses preuves, montrer ce que l’on a dans le ventre…Au final, je ne vois donc aucune différence dans tout ça. Je prends l’exemple de MADC qui est une très bonne graffeuse, son style est vraiment très technique et je pense que si c’était un mec, sa notoriété serait exactement la même. Par contre il est vrai que lorsqu’une fille peint, on a tendance a être plus intrigué justement parce qu’on en voit si peu…
Quels sont tes projets à venir ?
On va faire une exposition bientôt avec Rensone, donc pas de murs, uniquement des toiles, des illustrations… Après ça va être un peu plus calme car là on a été souvent pris avec les festivals de cet été. Donc après cette expo, on va se faire plaisir et retourner dans nos petites friches pour peindre. Donc juste pour kiffer !
>> Plus d’infos sur : http://lisa-discala.fr