Graffiti version féminine
Immersion dans l’univers de MIA : entre graffiti et féminisme… Mia, qui est à l’initiative d’un Graffiti Jam consacré aux femmes.
TO THE ARTS, TO THE WORLD !
Immersion dans l’univers de MIA : entre graffiti et féminisme… Mia, qui est à l’initiative d’un Graffiti Jam consacré aux femmes.
A l’occasion du Meeting Of Styles France qui s’est déroulé à Perpignan en juillet dernier, Hip Open a rencontré deux graffeurs mexicains, Gerso et Ecks.
Commençons par une présentation…
G : Je suis Gerso et je graffe depuis 10 ans.
E : Je suis Ecks. Je peins depuis environ 6 ans.
Pouvez-vous me parler de votre style ?
G : Mon travail est basé sur le lettrage. Dernièrement, j’ai commencé à faire d’autres choses mais au final je reviens toujours au lettrage. Ce que je dessine… Ce n’est pas vraiment des personnages, pas vraiment du réalisme, c’est encore autre chose…
E : En ce moment, j’essaie de créer mon propre style. Depuis que j’ai commencé, j’ai travaillé sur plusieurs choses : j’ai fait des personnages, du réalisme, des lettres, du flop. Maintenant, je mixe tout ce que j’ai appris pour commencer à développer mon propre style.
Quelle est la différence entre le Graffiti au Mexique et le Graffiti en France ?
E : Le Graffiti mexicain est assez difficile à différencier car il y a beaucoup de réseaux différents, beaucoup de writers différents. Avant, on aurait pu dire qu’il y avait une différence entre le Graffiti mexicain, américain, sud-américain, français… Mais maintenant c’est difficile à dire… Même s’il y a certains procédés que l’on reconnaît par la nationalité. Par exemple, au Mexique et au Chili, on utilise énormément de peinture au latex que l’on mélange avec du plâtre. Je pense que ce sont des techniques plutôt latino-américaines. Après je ne peux pas vraiment comparer avec celles de la France car je ne les connais pas beaucoup.
G : Aujourd’hui, nous sommes très influencés par ce que l’on voit sur internet. Et il est fort possible que les choses arrivent simultanément dans différents endroits du monde. Si par exemple, j’ai l’idée de réaliser une pièce uniquement avec des petits carrés, il est probable que quelqu’un en France ait la même idée. Donc je ne vois pas trop quelle différence il y aurait. C’est juste que dans nos travaux, parfois on se rejoint sur certaines choses puis on se sépare sur d’autres.
E : Il pourrait y avoir aussi une différence culturelle. Par exemple au Mexique, on peut peindre beaucoup de choses préhispaniques, des choses très mexicaines… Alors on pourrait dire qu’il y a une différence entre le Graffiti sud-américain et le Graffiti européen…qu’en Amérique du Sud, on peint beaucoup de choses préhispaniques…
G : … et qu’en Europe, on peint des choses européennes. Par exemple, j’ai vu ici quelqu’un peindre dans le style art déco, dans ce courant pictural, c’était vraiment très bon. C’était drôle car je n’avais jamais vu quelque chose de similaire ici, en Europe. C’est comme si cette personne essayait de sauver un peu son passé.
Quel est votre point de vue sur le Meeting Of Style en France ?
G : On en avait tellement entendu parler par Kanos et Astro qu’on pouvait déjà s’imaginer comment c’était. Mais lorsque tu le vis, tu le trouves vraiment plaisant. Tu rencontres des gens d’un peu partout. A tes côtés, il y a un graffeur espagnol, un graffeur italien… C’est le genre de choses qui n’arrivent jamais au Mexique et si ça arrive, je pense que ça ne serait pas pareil.
E : Ici, il y a une volonté d’unification. Par exemple, même si tu ne connais pas la personne à coté de toi, même si tu ne parles pas la même langue et que vous n’avez pas le même style, vous essayez néanmoins de vous associer. On nous a remis les mêmes couleurs, tu mélanges ton style avec celui du voisin pour arriver à une unification et une continuité. J’ai beaucoup apprécié, c’était vraiment agréable.
Dans quels pays, avez-vous voyagé grâce au Graffiti ?
E : Déjà, j’ai voyagé au Mexique puis en Colombie, en Equateur et maintenant en France. J’espère aller bientôt au Chili. Tu ne t’imagines pas que le Graffiti va te faire sortir du pays mais c’est bien car cela te donne un peu plus de force pour continuer à peindre.
G : Il y a quelques années, je suis allé en France. L’année dernière, je suis allé au Guatemala à un événement de Graffiti organisé par l’ONU. Que l’ONU soit à l’initiative de faire venir un étranger, à savoir un Graffeur du Mexique vers le Guatemala, c’était un grand pas, un pas de géant.
Qu’est ce que vos voyages vous ont permis de découvrir ?
G : Me découvrir… A chaque voyage, tout le monde me secoue en me prenant dans ses bras. Mon premier voyage en Europe fut en France et j’y ai rencontré Milouz, Papy et j’ai vu le style de vie qu’ils avaient. En revenant au Mexique, je me suis rendu compte que je voulais vivre quelque chose de similaire. A un moment, je n’avais plus envie de peindre mais en venant en France, en restant quelques jours avec eux, cela m’a donné de la force et j’ai eu envie de continuer. La deuxième fois que je suis venu, j’ai connu Astro et Kanos et cela a été encore plus fort. A chacune de mes sorties du pays, c’est comme un apprentissage. Je reviens chez moi encore plus motivé et cela m’aide à me connaître et à grandir en tant que personne.
E : J’ai voyagé aussi grâce à des rencontres. Mon voyage en Colombie fut très joli. J’y suis allé grâce à un colombien que j’ai rencontré au Mexique. Il m’a invité et ça c’est très bien passé. Ici, c’est très différent qu’en Amérique du Sud car on n’a pas les mêmes points de vue, beaucoup de choses sont différentes comme les personnes, les modes de vie. Tu découvres en rentrant que tu as une autre mentalité.
Quel est votre rapport à la culture Hip Hop ?
G : On pourrait penser que peindre t’amène à la culture Hip Hop mais pas vraiment en fait. Oui le Graffiti et le Hip Hop vont de pairs mais ce n’est pas pour autant que je me sens impliqué dans la culture Hip Hop. Mais j’en écoute et j’aime ça.
E : Quand j’ai commencé à peindre mes amis n’écoutaient pas vraiment de rap. Et depuis que j’ai voyagé de par le monde, je sais que le Graffiti et le Hip Hop sont comme frères. Mais moi quand j’ai commencé à peindre, ce n’était pas lié au rap, ni au Hip Hop. En voyageant, par exemple en Colombie, j’ai constaté que mes amis graffeurs pratiquaient deux disciplines du Hip Hop, le Graff et le Rap. C’est un style qui me plait mais pas plus que ça.
Quels sont vos projets ?
G : J’ai envie de peindre des toiles, de voyager au Brésil, au MOS et en Argentine, le dernier est très probable. J’ai envie d’organiser un événement au Mexique appelé « El tiempo de un color » (Le temps d’une couleur) et le consolider comme étant une réunion de personnes des pays d’Amérique centrale.
E : Prochainement, aller au Chili pour un événement qu’organise une amie chilienne. Mais ce qui m’intéresse le plus là, ce sont mes résultats à un concours à l’Université pour faire des études d’arts plastiques. J’ai hâte d’avoir les résultats pour savoir si je vais pouvoir entreprendre ces études, c’est ça qui m’importe le plus avant même de voyager.
(ndlr : Aujourd’hui, nous savons que Ecks a été reçu à l’Université pour ces études d’arts plastiques.)
Avez-vous des projets ensemble ?
G : Ensemble ? Non (rires).
E : Le MOS est un projet que nous faisons ensemble. Ça fait quatre mois qu’on le projetait avec des « ah j’ai un contact là », « ah moi j’en ai un autre là »… C’est grâce à ça que nous sommes ici.
G : Ce projet va peut-être nous amener à quelque chose… Mais pas seulement entre nous deux mais peut-être aussi avec d’autres graffeurs car au Mexique, ils parlent de nous : « Ils sont au MOS !!! », c’est quelque chose d’impensable…
E : Au Mexique, les graffeurs sortent peu du pays, et ceux sont toujours les mêmes (quatre ou cinq) qui sortent. Mais quand un autre sort, ça devient déjà autre chose. Ce qui est bien c’est que d’autres bons graffeurs mexicains pourront également sortir du pays car ils le méritent aussi.
G : Moi ça ne m’importe pas spécialement pour ceux qui peignent en ce moment mais pour ceux qui commencent à peindre maintenant, parce que ce sont eux qui vont donner un réel élan au pays.
Interview : NJ
Traduction : Alexandra Miranda Larrahona
http://streetinterviews.blogspot.fr
+ Participation Pierre Almendares
La photographie… Un langage universel qui a le pouvoir d’immortaliser un instant à jamais… Un moyen d’expression qui a la capacité de faire passer des émotions… C’est à travers l’œil de Valentin Campagnie que nous plongeons dans l’univers de la photographie.