Saï Saï sort sa mixtape !
Hip Open vous plonge dans l’univers du Reggae grâce à DJ Saï Saï, qui sort sa première mixtape, sous le nom de Sweet Reggae Music…
TO THE ARTS, TO THE WORLD !
Hip Open vous plonge dans l’univers du Reggae grâce à DJ Saï Saï, qui sort sa première mixtape, sous le nom de Sweet Reggae Music…
Qui ne connaît pas encore cet artiste à Bordeaux ?
Qui n’a jamais vu son nom inscrit sur une affiche de concert ?
Qui, en tant qu’amateurs de rap, n’a pas écouté un de ses morceaux ou ne l’a jamais vu sur scène ?
Qui n’a jamais entendu parler du Lab’Oratoire et de sa Keursteam ?
Mais qui ne sait pas qui est Keurspi ici ?
Keurspi est un MC qui a su trouver sa place à Bordeaux et pas seulement… Récemment, accompagné de son DJ Saï Saï et de son backeur Moon, Keurspi est parti en tournée au Sénégal, où ils ont fait sept concerts en deux semaines. Le groupe a partagé des scènes aux côtés d’artistes renommés tels que Simon (Bis Bi Clan), Daara J Family, 5KIEME Underground, Bideew Bou Bess, Books (Sen Kumpe)… Reconnu pour son talent, il a eu l’occasion de faire quelques émissions radios et télévisées sur les grandes chaînes locales.
Le Lab’Oratoire
Sa mixtape Le Lab’Oratoire est sortie en novembre 2012. Beaucoup l’attendaient avec impatience et n’ont pas été déçus du résultat ! Pour Keurspi, cette mixtape représente l’aboutissement de son premier projet solo. Entre une technique impressionnante, une énergie communicative et de la sensibilité dans ses textes, il nous captive dans son univers musical et nous livre le meilleur en 22 titres. Il y invite aussi de nombreux artistes qui apportent chacun un groove supplémentaire.
Un nouveau show
A l’occasion de son concert du 22 mars à la Rock School Barbey, Keurspi nous présentera un tout nouveau show. Sur scène, il sera accompagné de musiciens. Lors de cette soirée, il y aura aussi de nombreux invités. On s’attend déjà à voir un grand nombre de rappeurs bordelais… Un gros concert en perspective, surtout que Keurspi arrive avec de l’inédit !
Kool A et son groupe World Wide Kids sont programmés en première partie du concert. Autant dire que la soirée du 22 mars sera placée sous le signe du talent. Un univers Hip Hop/Soul, musique acoustique, avec un mélange d’authenticité, de simplicité et d’humanité que l’on ne peut qu’apprécier !
En bref, le 22 mars, ça vaut vraiment la peine de se déplacer jusqu’à la Rock School Barbey. C’est important de soutenir des artistes indépendants porteurs de messages positifs. Et il paraît que ce jour là, c’est aussi l’anniversaire de Keurspi…
>> Plus d’infos sur :
le site web de Keurspi
la page de Kool A
le lien de l’événement
NJ
On remonte le temps pour revenir au concert de RES du 15 septembre à Poitiers où nous l’avons interviewé…
Rockin’ Squat était en concert à Bordeaux pour « La Tournée 2012 » qui compte au total 13 dates. La spécificité de celle-ci : un show 100% live band !
Ce 13 octobre, il fallait être présent à la Rock School Barbey pour ressentir l’énergie qui s’est dégagée sur scène. Sept artistes pour une performance d’exception, sans compter Grödash qui est venu en tant qu’invité surprise. Une ambiance Hip Hop aux tonalités africaines pour accompagner un discours aussi puissant que profond qui fait plaisir à écouter. Dans ce spectacle, la musique et les textes forment une sorte d’alchimie ou du moins une harmonie consciente qui élève l’esprit… Paix, amour et appel à la connaissance sont les messages adressés à son public multi-générationnel.
Nous avons profité de son passage à Bordeaux pour lui poser quelques questions…
D’où est née l’idée d’un live band pour t’accompagner sur cette nouvelle tournée ?
Rockin’ Squat : Depuis toujours je collabore avec des musiciens sur scène. Mais depuis pas mal de temps, je voulais faire un show 100% live, sans machine ni DJ. Selon moi, pour que ce genre de spectacle fonctionne, je devais m’entourer de virtuoses pour que la cohésion du show devienne magique. Voilà pourquoi c’est avec cette équipe que j’ai décidé de partir en tournée.
Comment s’est fait le choix des musiciens ?
Cheick Tidiane Seck est un très bon ami et a surtout un talent et une oreille hors pair. Je le connais depuis plusieurs années et nous avons déjà collaboré sur plein de projets différents. Quand je lui ai proposé de m’accompagner dans cette aventure, il n’a même pas réfléchi une seconde. Aussitôt, on était déjà en train de faire la liste des autres musiciens qui allaient nous renforcer dans notre groove. Marque Gilmore à la batterie est une bénédiction, il est monstrueux et généreux, une vraie chance de l’avoir avec nous. Tout comme les autres d’ailleurs, Ahmed Fofana, Madou Koné, Momo Hafsi, et Kaabi Kouyaté. Que des grands, c’est un honneur pour moi et une vraie marque de respect pour ma musique et mon parcours que ces grands musiciens m’accompagnent dans ma folie ! (rires)
Tu dénonces des choses qui dérangent énormément, par exemple dans la chanson Illuminazi 666… Est-ce que tu as eu des problèmes par rapport à ça ?
Le fait de dénoncer des choses qui dérangent peut déclencher des hostilités de la part des gens concernés. Mais je pense que de ne pas les dénoncer ou pire ne pas en être conscient amène des problèmes encore plus énormes dans la vie de chacun…
Il y a ce côté spirituel qui ressort beaucoup aussi. Peux-tu nous expliquer d’où ça vient ?
Vu les thèmes abordés, je suis obligé pour ma propre stabilité d’entretenir le côté du guerrier de la paix. Je pense même que des titres comme « Eternel Apprenti », « Amaru Ka », « Le temps et l’instant », « Aimer sans posséder » ou « Une façon de vivre » pour ne citer qu’eux sont encore plus importants que les thématiques qui expliquent la manipulation du monde. Cette pensée chamanique issue des cultures indigènes qui remonte à des millions d’années est une des plus belles clés pour ne pas perdre la face en ce début de 21ème siècle et la décadence du monde qu’il transporte.
Qu’est-ce que tu penses de la nouvelle génération des MC’s ?
Il y a des choses bien, mais je préfère de loin écouter les oiseaux qui viennent chanter au dessus de ma tête le matin dans mon Mato Grosso do Sul (ndlr : Etat du Brésil). Ils chantent plus juste et leurs messages sont bien plus sains. (rires)
Qu’est-ce que tu espères pour les générations futures ?
Je n’espère rien, je donne ! Vivre l’instant c’est vivre. Croire qu’on a le temps c’est vivre ivre. Prisonnier du passé, prisonnier du futur ? Non je suis Libre dans l’instant. C’est comme ça que j’apprends à vivre et à travers mon expérience d’autres peut-être s’y mettront, comme je m’y suis mis en écoutant et regardant ceux qui m’enseignent.
Terminons par quelques réactions à la sortie du concert…
« Super énergie ! Rockin’ Squat a été généreux sur scène, avec un super live band ! Des sonorités inattendues et un show excellent ! » Charlotte
« Je remarque une grande évolution dans la manière d’aborder la musique du groupe Assassin. Très grande richesse musicale, super performance des musiciens. Un concert très colorisé par le côté africain, notamment par la présence de Cheick Tidiane Seck… » Keurspi
« Une ambiance mortelle ! Beaucoup d’émotions… J’ai eu des frissons dès le premier morceau, les musiciens sont super forts et Squat, une bonne présence scénique ! » Moon
« J’ai été agréablement surpris par ce concert, je ne m’attendais pas à ce que Rockin’ Squat soit accompagné d’un live band. Un show très musical, c’est plus que du Hip Hop… Je dirais que c’est simplement de la bonne musique ! » The K.O Kid
>> Plus d’infos sur : http://www.livinastro5000.com/artistes/rockinsquat.html
Article / Interview : NJ
Photos : Charlotte Prieu
Avec plusieurs dates programmées en France, le groupe Dope D.O.D est passé par Bordeaux, à l’occasion de la soirée SPANK THE BASS, organisée par Cubik Prod et Banzai Lab. Un événement alliant Hip Hop et Dubstep qui a réuni Keurspi, Al’Tarba, Son of Kick, Niveau Zero. Ce qui a été l’occasion pour nous de rencontrer les membres de ce fameux groupe de Hip Hop Hardcore Hollandais avant leur show… Un concert de folie, débordant d’énergie, dans une salle remplie !
C’est votre première tournée en France ?
Pas vraiment… Mais on peut considérer celle-ci comme notre grande tournée française.
En écoutant vos morceaux, on se demande quelles sont vos influences musicales ?
Principalement le rap américain des années 90. Mais on n’écoute pas que du Hip Hop américain non plus. On aime n’importe quel bon son Hip Hop à vrai dire, aussi bien du rap hollandais, anglais, allemand que français. Cependant, comme on a grandi dans une culture anglophone, on a baigné dans le rap américain depuis tout petit, en écoutant Onyx, Redman, Wu Tang…
Des rappeurs français… Qui par exemple ?
Saïan Supa Crew, 1995…
Quels autres styles de musique vous écoutez ?
Dopey Rotten : Personnellement j’écoute aussi bien du Reggae que de la musique classique, que du Hard Rock. Peu importe le style tant que la musique me plaît !
Skits Vicious : Quand je n’écoute pas du rap, j’aime écouter de la musique qui repose, quelque chose de relaxant. J’aime aussi des trucs un peu new age avec de la batterie. Cela dit, ça ne vaut pas les bons vieux morceaux que j’écoute depuis que je suis gosse… A part mes classiques je n’écoute pas grand chose. En tout cas, je ne suis pas partisan du « je n’écoute rien d’autre que du rap pour ne pas être influencé » mais j’ai remarqué que ça te permet de rester à ta place et de te concentrer sur l’essentiel, ton rythme.
Jay Reaper : Franchement j’écoute rien d’autre, à part du Old School, comme Jimmy Hendrix, John Lennon… Et parfois je tombe sur MTV, mais ça ne m’influence pas vraiment ou plutôt si, mais dans le bon sens. Je me dis « qu’est-ce que c’est que cette merde » et j’ai envie d’écrire un truc pour le démolir !
Comment décririez-vous votre univers artistique ?
Skits Vicious : Notre univers est comme un roman graphique où l’on mélange une partie de nos propres vies et la merde qui nous entoure. C’est un monde sans fin de sang, de gore et de fantasmes. On peut nous comparer à des personnages de films ou de bandes dessinées, comme Sin City. Les rappeurs ont une double identité, comme les super héros. Nous, on est probablement les méchants de ces films…On ne porte pas le costume là maintenant, mais dès qu’on a le micro dans les mains, ça explose ! Et d’un coup on devient le méchant et les gens découvrent nos super pouvoirs.
Comment est venue cette volonté de faire du rap ?
Jay Reaper : C’est ce qu’on sait faire. On ne s’est pas forcé. Quand j’étais jeune, vers 14 ans je ne me suis pas dit « je veux faire du rap, je veux être rappeur ». Ça ne s’est pas passé comme ça. J’écoutais du rap lourd à la Wu Tang, du rock lourd à la Jimmy Hendrix et je me suis dit que je voulais faire ça. Et le rap, c’est la première chose qui m’est venue naturellement.
Skits Vicious : Je suis d’accord. Le rap ça ne se choisit pas, ça s’impose à toi. Cela dit il y en a beaucoup qui décident de faire du rap pour des mauvaises raisons, ce qui explique pourquoi il y a autant de mauvais rap. Tout le monde peut rapper. Tout le monde peut dire « here is the floor, that’s a door, I am poor, somebody’s a whore and I am hard for. » Tout le monde peut faire des rimes mais ça ne fait pas d’eux des rappeurs. Le rap, c’est plus profond que ça. Il faut avoir l’âme, le flow et la personnalité qui vont avec. Il faut que ça vienne de l’intérieur. S’il y a autant de Rap de mauvaise qualité, c’est parce qu’ils n’en font pas pour les bonnes raisons : ils veulent être cools, ils veulent gagner de l’argent. Bien sûr c’est sympa mais il faut agir d’abord pour la musique !
Dopey Rotten : La musique d’abord !
Vous avez fait de nombreux concerts à l’étranger n’est-ce pas ?
Oui, on est allé aux États-Unis, au Canada, en Allemagne, en France, en Islande, en Russie, en Ukraine, en Espagne, en Pologne, en Lituanie, au Royaume Uni…
Quelle est votre vision du Hip Hop actuel ?
Dopey Rotten : Aujourd’hui, le Hip Hop dans l’ensemble c’est de la merde. Ça craint. Ça tire trop sur la pop, c’est trop commercial. C’est toujours la même chose, tu as toujours une pétasse attardée qui pousse la chansonnette. Ce n’est pas mon truc.
Mais ce n’est pas le cas de tous les rappeurs non plus…
Evidemment, il reste du bon Hip Hop mais je ne m’intéresse plus trop à ce qui sort en ce moment.
Et vous dans tout ça ?
Dopey Rotten : On est des rebelles de la scène musicale en fait. On fait ce qu’on aime faire et on continuera jusqu’à la fin. C’est à prendre ou à laisser !
Skits Vicious : C’est à la portée de tous de changer la donne. Et c’est là qu’on intervient. Le vrai Hip Hop n’est pas mort. Il ne faut pas croire ce qu’on nous dit à la radio ou à la télé. Ce sont des conneries. Le pire c’est que ce n’est même pas la faute des gens. Ce sont ceux qui sont au-dessus du peuple qui décident. Ils n’ont qu’un mot à dire et ton disque ne passe nulle part. L’industrie impose ses normes mais heureusement qu’il y a le rap underground. Nous, on vient de là. On fait partie de ceux qui s’en foutent, qui croient en ce qu’ils font et qui n’arrêteront jamais quoi qu’il arrive.
Quels messages souhaitez-vous transmettre à votre public ?
Skits Vicious : Pour moi, le rap sert à échapper à son quotidien. Comme toute musique qui permet de s’évader, le rap raconte une histoire. Notre message c’est notre histoire. Notre public s’identifie à nos chansons ou les apprécie tout simplement.
Quels sont vos projets après la tournée ?
Actuellement, nous travaillons sur un nouvel album. Il sortira début 2013. Ce sera notre sixième album. Soyez prêts !
>> Plus d’infos sur : http://dopedod.com/
Interview : Assma & Angélique
Traduction : Romain Vivant
Vous connaissiez déjà Hassan le Fronçais et sa clique de Perpizoo. Hip Open vous avait aussi présenté Fleyo et Keurspi, actifs dans le rap bordelais. Mais on ne vous avait pas encore parlé de Ron Brice, ce parisien venu compléter l’affiche du Hip Open Event #1, jeudi 5 avril. Une belle occasion de rencontrer ce MC atypique, accompagné de Stresh, son deejay. 17h30, les balances s’achèvent… Micro à peine posé, platines encore chaudes, le duo file au débat du Hip Open Event #1 sur le rap et les médias, puis revient vers nous pour une interview décontractée, à l’écart d’une salle commençant à s’animer.
Pour commencer Ron, revenons sur ton parcours et ta rencontre avec DJ Stresh… Comment ça s’est passé ?
Ron Brice : On a débuté chacun de notre côté, il y a une quinzaine d’années. J’ai commencé le rap en 1996, avec mes grands frères. J’ai tourné dans des collectifs et fais pas mal de concerts. Ensuite, j’ai côtoyé Poison qui était proche de Ménage à 3, à qui était affilié Youssoupha. On fréquentait les mêmes studios et Stresh bossait aussi avec Youssoupha sur ses tournées. On a fait quelques dates ensemble. Et nous avions les mêmes influences, d’où la naissance de notre collaboration en 2006. A l’époque, Stresh bossait dans un magasin de vinyles sur Paris, et moi je vendais des disques dans la rue. Il me faisait écouter ses prods, et j’ai alors enregistré quelques trucs avec lui. Et dès 2007, on s’est mis à travailler sur l’album Reality Rap. Il a produit le morceau Bête noire et d’autres titres sur la mixtape Reality Tape. C’est mon associé sur la tournée et au sein de 16 Barz !
16 Barz, c’est une asso ou un label ?
Ron Brice : C’est un label sous forme d’association. Nous sommes deux pour le moment. Je rappe et Stresh est deejay, producteur, backeur…(rires) Enfin il a plusieurs casquettes. On souhaite aussi travailler avec d’autres personnes de notre entourage, pour agrandir la famille et être plus vif sur le circuit. Pour le moment, on se concentre sur la sortie de l’album qui devrait arriver fin mai, début juin. Les morceaux sont faits mais on a encore deux clips à balancer avant. En attendant, la Reality Tape, mixtape de mes morceaux de 2005 à 2010 vient de sortir.
D’où l’abondance de titres sur cette tape ?
Ron Brice : En fait en 2005, je bossais plus avec les Soul Children, qui travaillaient aussi avec Flynt, Youssoupha, qu’avec Stresh. On avait fait un album qui n’est jamais sorti. Donc dans cette mixtape, mixée par Stresh, j’ai récupéré certains morceaux réalisés avec eux qui n’étaient pas connus… Parce que concrètement je me suis fait connaître en diffusant quelques morceaux sur le net. Nous, nous sommes de la génération où l’on rappait bien avant Internet, Myspace ou Facebook… Mais on s’est fait connaître par des clips qui ont tourné sur le web.
Tes clips justement, sont tous réalisés par Tcho/Antidote. Peux-tu nous parler de cette collaboration ?
Ron Brice : C’est une longue histoire faîte de connaissances en commun liées au graffiti, à la photographie, à la réalisation de clips… Stresh bossait avec Géraldo, qui lui, côtoyait Tcho et aidait un de mes potes à vendre des disques dans la rue. On se connaissait tous. Et un jour un mec a fait écouter un de mes sons à Tcho…
DJ Stresh : Au niveau du positionnement musical, cela correspond hyper bien à ce qu’il met en image. Sa vision de la musique s’adapte bien. Ce n’est pas calculé, leurs univers respectifs collent tellement bien que lorsque l’on ressert l’étau, c’est ce qu’il y a de plus cohérent.
Ron Brice : Après on clippe davantage parce qu’on a plus de visibilité. Avant, où pouvait-on les mettre nos clips ? Maintenant, la confrontation au public est directe et la rotation se fait d’elle-même, il n’est plus nécessaire de passer à la télé. Mais on mise plus sur la musique qu’on diffuse. On se dit qu’on a une particularité dans notre façon de faire, nos instrus, nos références… Des références très New Yorkaises, très outre atlantique dans la manière de faire la musique, d’utiliser les samples, dans les placements, ma manière de rapper… Après cela ne fait pas tout, il faut aussi amener l’image qui va avec. Mais ça fait plaisir de voir que beaucoup s’identifient encore à ça, et accrochent toujours à ce style de musique.
Pourquoi ces influences New Yorkaises justement ?
Ron Brice : J’ai toujours écouté du rap français et du rap américain. Mais étant jeune, tu comprends plus le rap français. Le rap américain, c’est ce qui te fait bouger mais tu ne comprends pas vraiment les paroles, ni là où ils veulent en venir. Et quand à l’époque sur Paris il y a eu les 12’inch Allstar, des genres de concours, moi j’étais très poussé dans l’écriture, mais au niveau de la forme ce n’était pas ça. Là, j’ai réalisé que d’autres comme Wayman avaient déjà assimilé de faire du rap américain en français, avec des flows qui ont de la musicalité… En France, on était et on est toujours aujourd’hui centré sur les paroles. On donne plus d’importance au texte, à la bonne écriture, qu’à la musique en elle-même et à la manière de rapper. Moi j’ai vraiment pris mes influences sur l’école New Yorkaise donc j’ai trouvé important de réunir les deux, le fond et la forme.
Tu parles donc d’un manque français au niveau du flow ?
Ron Brice : Les gens de l’ancienne école ont vraiment assimilé ce côté écriture mais délaissé le flow. La nouvelle vague elle, a percuté et est dans le truc spectaculaire, en donnant beaucoup d’importance au flow. Mais au niveau du charisme, du contenu, il y a un manque. Il faut avoir vraiment vu les deux pour donner de la consistance au truc. C’est de la culture après, une école. J’ai kické des trucs très différents, de Big L à Oxmo. Au niveau des paroles, je sais donc être profond. Mais je sais aussi être davantage sur le flow, parlant de choses plus légères et plus marrantes. Il faut vraiment allier les deux. J’essaye de bosser pour réunir cette culture française du texte, être touchant, et le dynamisme du flow.
DJ Stresh : C’est propre à notre génération. On fait parti de ceux qui ont grandi avec le rap américain. Et le rap français commençait vraiment à avoir ses têtes et ses acteurs principaux qui ont marqué leurs époques. Nous on écoutait Time Bomb, La Cliqua, qui eux à l’époque étaient déjà inspirés des flows américains, et qui poussaient l’écriture dans un autre sens en faisant l’alliage des deux. Comme on a grandit avec ça, ça nous a forgé notre intérêt. C’est ce qui fait que des mecs comme Hassan, Ron Brice ou Nemir et plein de MC’s de cette génération ont pris cette direction là. Pas seulement des textes, mais une jolie musique à écouter. Parce que si tu veux du texte pour du texte, tu lis un livre, t’écoutes pas un disque !
Ron Brice : Sachant que les sujets du rap maintenant sont connus. Tout est fait. Alors si rien n’est amené au niveau de la forme et donc du flow, de la manière d’amener le texte, cela ne sert à rien.
Votre collaboration semble couler de source au final ?
Ron Brice : On écoute tellement la même chose, les mêmes styles de sons… La plupart du temps, il m’envoie une prod et c’est la bonne. Alors que certains beatmakers m’en envoient 7 ou 8. Avec lui c’est souvent direct, on est bien en phase.
DJ Stresh : J’ai travaillé avec Youssoupha, avec Ali, mais c’est vraiment le MC avec lequel j’ai le plus de facilités. Je sais ce qu’il va faire. Je n’ai même pas besoin d’être là quand il va enregistrer, je sais ce qu’il va faire. Cela ne se passe pas toujours comme ça. Il y a des gens avec qui on a besoin de savoir dans quel univers ils évoluent, ce qu’ils aiment vraiment, il y a plus d’allers retours. Là ça s’enchaîne facilement, je lui passe les sons au fur et à mesure et ça se monte doucement.
Un duo de choc pour une performance détonante. Ron Brice, c’est du flow et des textes remarquables et une touche singulière à laquelle on adhère ! Et si le Hip Open Event #1 nous a régalé, c’est aussi parce que ces deux là ont assuré !
>> Pour plus d’infos, retrouvez Ron Brice et DJ Stresh sur Youtube, Facebook et Twitter.
>> Pour télécharger la Reality Tape, cliquez ici.
Ludovic Lacroix
« Parce que le rap possède bien plus de richesses artistiques
et de valeurs qu’on ne le croit…
Parce que le rap diffusé sur les grands médias reste une minorité
de tout ce qui se fait…
Parce que le rap, ce n’est pas uniquement des billets,
des femmes dénudées et des cabriolets…»
L’équipe Hip Open
Dans le rap, ce qui prime avant tout, ce sont les rimes, le flow et les instrumentales…trois ingrédients indispensables pour faire un bon morceau ! La musique y est déterminante, d’où l’importance de l’art du beatmaking. Pourtant la majorité du public n’a pas connaissance du nom de ceux qui se cachent derrière les productions musicales, de ceux qui sont à l’origine du rythme des chansons. Intéressons nous de plus près à cette pratique, en découvrant l’univers de Pandemik Muzik…
Un duo de beatmakers
Après quelques années en solo, Bachir et J-Lock ont commencé à travailler ensemble en 2009, par l’intermédiaire de Black Kent pour son album « Yes I Kent ».
Entre ces deux producteurs, le feeling est passé tout de suite : « on a vraiment senti une alchimie se créer » affirme Bachir. Lui est plus dans la recherche, très influencé par l’école new yorkaise, il ramène les samples, il trouve des breakbeats, des nouvelles rythmiques et J-Lock est davantage dans la composition de la musique. D’où la volonté d’unir leurs forces pour créer le duo Pandemik Muzik.
Ce duo complémentaire a réalisé des productions pour des rappeurs tels que Black Kent, le collectif 99 Projet, Sam’s, Keurspi et Soza de Bordeaux, S-Pi (94), Esta Capitan (93), Négrociateurs (Suisse) et Nix (Sénégal). J-Lock et Bachir restent ouverts à d’autres styles et ont déjà produit deux morceaux pour un chanteur.
Dans l’ombre des rappeurs
Dans le beatmaking, les producteurs restent peu mis en avant. Ils ne sont pas toujours crédités sur les mixtapes et leurs noms apparaissent rarement sur internet. Apparemment, en France, ce n’est pas dans la logique de préciser le nom de celui qui produit un morceau. Aux Etats-Unis, c’est presque l’inverse, le producteur est parfois plus connu que les rappeurs. Bachir l’explique : « Ici, ce n’est pas forcément dans la culture mais ça va arriver, ça commence à se faire. Je pense à un producteur qui fait parler de lui… Richie Beats ! Il a fait la majorité des productions sur l’album Soyons Fous d’Ol’Kainry et Jango Jack.» Puis il ajoute : « Il y a de sacré beatmakers en France comme les Soulchildren par exemple, mais eux sont signés, donc ils sont mis en avant. Sinon, en général, il y a peu de visibilité sur le nom des beatmakers ».
Conscients de cette difficulté, l’objectif des membres de Pandemik Muzik est de faire entendre leur musique et de la faire sortir du studio pour pouvoir se faire un nom dans le milieu du rap. Aujourd’hui, ils ne vivent pas de leurs productions. L’essentiel pour eux, c’est la reconnaissance d’être crédité et d’avoir des placements. « Avec J-Lock lorsque l’on est crédité Pandemik Muzik, c’est déjà une forme de paiement ».
Une passion pour la musique
Pandemik Muzik, c’est un travail d’équipe avec une véritable alchimie, où l’inspiration y est souvent instinctive (à partir d’un sample, d’une mélodie…). Bachir donne quelques détails : « J-Lock a fait du solfège, il a une oreille musicale incroyable ! Il est super avancé, super talentueux, il maîtrise le clavier, c’est un virtuose ! Il me motive pour travailler davantage et m’améliorer en tant que producteur. »
Ils apprécient la musique à sa juste valeur, du West Coast au Dirty : « On ne peut pas dire : ça c’est de la bonne musique et ça non… Il y a tellement d’éléments à prendre en compte… Le contexte social est important aussi. Le rap de New York n’est pas le même que le rap de Memphis, de L.A et de Chicago… Donc nous, on peut passer de MC’s en MC’s et toujours autant kiffer car cela reste Hip Hop. »
Un duo authentique
Rester indépendant ou signé en major, pour Pandemik Muzik, ce n’est pas la question. Le principal est de conserver leur indépendance dans le processus créatif. Bachir et J-Lock attachent beaucoup d’importance à la sincérité dans la musique. « Nous sommes plus influencés par l’attitude, l’état d’esprit et la manière de communiquer que la musique en elle-même ». Ce qui se retranscrit naturellement dans leurs productions, qui respirent l’authenticité, tout simplement.
Bachir et J-Lock tiennent à garder leur ligne directrice : faire de la bonne musique, collaborer avec de bons rappeurs, pour asseoir le nom Pandemik Musik et faire connaître leur touche particulière, toujours dans un bon esprit.
Pandemik Muzik, en plus de la passion et du talent, c’est de l’ambition et de la détermination. Leur souhait est de collaborer avec les rappeurs les plus renommés, aussi bien aux Etats-Unis (NAS, JAY-Z, JADAKISS, EMINEM…) qu’en France (ILL des X-MEN, YOUSSOUPHA, AKHENATON, OXMO PUCCINO, LINO…). Donc souhaitons leur une bonne réussite !
>> Pour plus d’infos, retrouvez Pandemik Muzik sur Soundcloud, Facebook et Twitter
Guizmo fait le buzz ! Véritable provocateur de la nouvelle vague de rappeurs français, Hip Open l’a rencontré pour son deuxième passage en 8 mois sur Bordeaux. Récit d’une rencontre pas comme les autres…
Il fallait être là ce samedi 28 janvier pour comprendre l’engouement que génère Guizmo en ce début 2012. Un public qui s’agglutine, se chauffe à coup de « Guizi-Guizi », impatient d’entendre le flow assommant de ce jeune MC, aux mots tranchants. Avant son apparition sur scène, les deux groupes programmés, en première partie du concert, ont fait monté la température de la Rock School Barbey. Keurspi, accompagné de Fleyo (champion du End of the Weak Bordeaux) et de son DJ, Saï Saï, a mis le feu avec son titre « l’Alchimiste », en duo avec DRBX, ou encore avec les 3 vitesses, sa marque de fabrique. Quant à Talents d’Achille, une prestation convaincante qui a retenu notre attention…
L’actualité changeante de la tête d’affiche avait aussi de quoi attiser l’effervescence ambiante. La nouvelle est tombée, Guizmo ne fait plus partie de l’Entourage ! Difficile d’en savoir plus à ce sujet… Si ce n’est qu’un titre « Chat Perché » brûlant et une explication vague mais virulente sur scène, ponctuée par « l’Entourage Rest In Peace »… Ses « fuck l’Entourage » résonnent, mais ne résolvent pas l’affaire. La réelle raison de la séparation nous reste étrangère.
Guizmo, MC marginal…
Conscient de son impertinence et de son aisance au clash, il se conforte dans son caractère, un personnage à aborder de manière particulière… Il nous avoue l’importance des Rap Contenders qui l’ont sorti de l’ombre, après avoir écumé tous les micros ouverts et petites scènes de Paris, pour sortir de la galère. Son clip « Normal » reprend d’ailleurs ce passage où il prend le dessus par son attitude singulière.
Il nous raconte que s’il a percé avant ses ex-compères, c’est simplement parce qu’il est un des premiers à avoir signé pour un disque en solitaire. Pour lui, son attitude arrogante ou austère ne serait qu’une vérité qui lui sert de remède. Il ne joue pas le « tox » amer, il goûte juste un peu trop le shit et la bière. Et c’est souvent sous cette influence, qu’il nous dit composer ses vers. D’où l’omniprésence de ces thèmes dans ses textes délétères.
… toujours fidèle à lui-même…
Son égo-trip chronique, il l’explique différemment. Pour lui le rap est non seulement un moyen de faire de l’argent, mais c’est aussi un challenge. A travers son album, Guizmo espère vendre et montrer aux gens ce qu’il pense vraiment. Il nous rappelle que cet album a plus de sens que cette facette de débauche récurrente… Cependant, parler de lui est « une évidence dans ce rap game ambiant ».
Et s’il persévère autant, c’est seulement pour pousser plus loin la performance. Les prods funky et jazzy de ses titres, il les explique par la culture musicale de ses parents. Pour ce qui est de sa nouvelle notoriété, il s’y accommode franchement. Il ne cache pas son plaisir devant toute cette effervescence. Et ne reste pas avare de surprises pour son public qui le soutient, pour le moment, sans relâchement.
… et productif !
Il passe la plupart de son temps au studio et apparaît dans de nombreuses vidéos qui tournent sur le net : clips, freestyles ou shows.
Et quand Guizmo freestyle pour Hip Open, ça donne…
La suite est donc écrite, et le public sait à quoi s’attendre. Guizmo a dans la tête de quoi rincer nos oreilles pendant encore un petit moment. L’Entourage c’est fini mais son histoire ne s’achève pas pour autant. Et vue la réaction de la foule à ses propos cinglants, on comprend vite que beaucoup ont déjà choisi de se ranger dans son camp. La controverse en fond de commerce, apparemment, cela fait vendre… La logique de Guizmo porte ses fruits et son jeune public s’enchante !
Ludovic Lacroix